DrugStrat presents
La Découverte, 1er trimestre 2004
Out April 8, 2004 !
Géopolitique des drogues illicites
The Geopolitics of Illicit Drugs
Coordonné par / Edited by
Pierre-Arnaud Chouvy & Laurent Laniel
** Carte de P-A Chouvy tirée de / Map by P-A Chouvy from: Hérodote n° 112.
Colour version (pdf 956k)
Sommaire/Contents
- Résumés/Abstracts
- Biographies - Recension/Review
Clara se nos muestra con las drogas la moral de los hombres, no con mágicas industrias, la lectura de los astros o el sentido oculto de la letra escrita. Cualidad del alma son que segura noticia dan sobre la verdadera naturaleza de la gente. Viento son que al pasar junto a perfumes se perfuma, y que al soplar sobre carroña fétido se torna.
Clairement, avec les drogues, nous est révélée la morale des hommes.
Mieux qu’à l’aide de magiques industries, de la lecture des astres ou du déchiffrement du sens caché des écritures.
Qualité de l’âme, elles nous renseignent avec certitude sur la véritable nature des gens.
Vent, elles embaument au contact du parfum mais deviennent fétides en soufflant sur la charogne.
Bright light do drugs shed on the morality of men. Better than magical industries, the reading of the stars, or the decifering of the hidden meaning of writings. Quality of the soul they are, informing us accurately on the true nature of people. Wind they are, becoming fragant when passing on perfume, and turning foul when blowing over carrion.
Ibn Fawwãz, Arabian poet (16th century), quoted in Lozano, I., Solaz del espíritu en el hachís y el vino, y otros textos árabes sobre drogas, Editorial Universidad de Granada, Granada, 1998, p. 8. (Translated from the Spanish by Laurent Laniel)
SOMMAIRE
/ CONTENTS (top)
Le cancer des drogues illicites, Yves Lacoste
The Cancer of Illicit Drugs, Yves Lacoste
De la géopolitique des drogues illicites, Pierre-Arnaud
Chouvy et Laurent Laniel (Résumé)
(texte
intégral)
The Geopolitics of Illicit Drugs, Pierre-Arnaud
Chouvy and Laurent Laniel (Abstract)
Colombie : le rôle de la drogue dans l'extension territoriale
des FARC-EP (1978-2002), Alain Labrousse
(Résumé)
Colombia: The Role
of Drugs in the Territorial Expansion of the FARC-EP Rebels
(1978-2002), Alain Labrousse (Abstract)
Géopolitique des drogues au Mexique : l'hégémonie
des Sinaloans sur le trafic de drogues illicites, Luis
Astorga (Résumé)
Drug Geopolitics in
Mexico: Sinaloan Hegemony on Illicit Drug Trade, Luis
Astorga (Abstract)
La filière coca : du licite à l'illicite. Grandeur
et décadence d'une marchandise internationale, Paul
Gootenberg (Résumé)
(texte
intégral)
Cocaine in Chains:
The Rise and Demise of a Global Commodity, Paul
Gootenberg (Abstract)
Drogues illicites, territoire et conflits en Afghanistan et
en Birmanie, Pierre-Arnaud Chouvy (Résumé)
(texte
intégral)
Illicit Drugs, Territory
and Conflicts in Afghanistan and Burma, Pierre-Arnaud
Chouvy (Abstract)
Le développement alternatif en Afghanistan : l'échec
du donnant-donnant, David Mansfield (Résumé)
Alternative Development
in Afghanistan : The Failure of Give and Take, David
Mansfield (Abstract)
Croissance et... croissance de l'économie du cannabis
en Afrique subsaharienne (1980-2000), Pascale
Perez et Laurent Laniel (Résumé)
(texte
intégral)
The Rise and Rise of
the Cannabis Economy in Sub-Saharan Africa (1980-2000),
Pascale Perez and Laurent
Laniel (Abstract)
Opiacés et routes des Balkans : facteurs géographiques,
historiques et politiques du phénomène, Philippe
Chassagne (Résumé)
Opiates and the Balkan
Route: Geographical, Historical and Political Factors, Philippe
Chassagne (Abstract)
Mafias et trafics de drogue : le cas exemplaire de Cosa Nostra
sicilienne, Giuseppe Muti (Résumé)
Organised Crime and
Drug trafficking: The Paradigmatic Case of Sicily’s
Cosa Nostra, Giuseppe Muti (Abstract)
RÉSUMÉS
/ ABSTRACTS (top)
De la géopolitique des drogues illicites (texte intégral)
Pierre-Arnaud Chouvy & Laurent
Laniel
S'il a fallu des millénaires à l'humanité pour distinguer quelles étaient les « plantes magiques », il ne lui a fallu que l'espace d'un siècle pour en identifier, isoler, voire reproduire les principales substances actives. De même, il n’aura pas fallu plus d’un siècle pour que les États dominants s’entendent sur la conception et la mise en oeuvre d’un régime de contrôle international des drogues. C’est la prohibition qui, adossée à la répression, a permis l’émergence du trafic international de drogues illicites, même si elle ne suffit pas à expliquer son ampleur actuelle. Mais les drogues illicites ont aussi été instrumentées par différents acteurs sociaux et (géo)politiques, permettant la conduite de certains conflits et en justifiant même d’autres. De fait, à l’instar d’autres flux, de réfugiés ou de valeurs financières, le trafic de drogues illicites procède d’une géographie des inégalités mondiales (mais aussi régionales et locales) dont il souligne d’ailleurs constamment les répartitions, les variations et les évolutions.
The Geopolitics of Illicit Drugs
Pierre-Arnaud Chouvy & Laurent
Laniel
While it took thousands of years for mankind to find out which were the “magical plants”, it took barely a century to identify, isolate and eventually reproduce their main active substances. Likewise, a century was enough for the dominant states to agree on the conception and implementation of an international drug control regime. Prohibition backed by law enforcement thus engendered the international market for illicit drugs, although they alone cannot explain its current magnitude. Illicit drugs have also been used by a range social and (geo)political actors in order to wage some wars and to justify others. In fact, like other flows such as refugees and financial assets, the illegal trade in drugs is born out of a geography of global, regional and local inequities of which it constantly underscores the distribution, variation and evolution.
Colombie : le rôle de la drogue dans l'extension territoriale des FARC-EP (1978-2002)
Alain Labrousse
C’est à partir de la VIIe Conférence nationale des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), en 1982, que les profits tirés de la drogue sont devenus un élément de la stratégie du contrôle du territoire et de la prise de la prise du pouvoir de cette guérilla rurale. Cela impliquait non seulement de percevoir un impôt sur les cultures illicites en échange d’une protection fournie aux paysans constituant sa base sociale, mais également de tisser des liens avec les narcotrafiquants. Cette stratégie a eu des effets contrastés : d’une part elle a permis une croissance importante de l’organisation, mais de l’autre a entraîné des conflits très violents avec les trafiquants et leurs alliés, les paramilitaires d’extrême droite. De nerf de la guerre, la drogue en est devenue un de ses enjeux. Elle s’est surtout révélée très dommageable pour l’image des FARC, tant aux yeux de la population colombienne que de la communauté internationale.
Colombia: The Role of Drugs in the Territorial Expansion of the FARC-EP Rebels (1978-2002)
Alain Labrousse
Ever since the 7th Conference of the Revolutionary
Armed Forces of Colombia (FARC) in 1982, the profits obtained
from drugs have played an important role in the rural guerrilla
movement’s strategy of territorial control and power
seizure. This has implied not only taxing illicit crops in
exchange for protection to the farmers, the rebels’ social
basis, but also maintaining a relationship with drug traffickers.
This strategy has had contrasted results: on the one hand
it has allowed the FARC to grow significantly; but on the
other hand it has led to extremely violent conflicts with
the traffickers and their allies—the far-right
paramilitary militias. Illicit drugs, once the sinews of
the war in Colombia, thereby became one of its stakes. Drugs
also greatly tarnished the image of the FARC with the Colombian
population and the international community.
Géopolitique des drogues au Mexique : l'hégémonie des Sinaloans sur le trafic de drogues illicites
Luis Astorga
La plupart des chefs des organisations de trafic de drogues actives un peu partout au Mexique sont originaires de l’État de Sinaloa. Les Sinaloans sont hégémoniques sur le champ du trafic de drogues depuis la Seconde Guerre mondiale au moins, et plus clairement depuis les années 1970. Durant le mandat présidentiel de Carlos Salinas (1988-1994), ils perdirent un temps leur suprématie au profit d’un groupe de l’État de Tamaulipas composé notamment d’anciens membres des corps d’élite de l’armée mexicaine chargés de la lutte antidrogue. L’oligopole des Sinaloans n’est plus homogène, on distingue aujourd’hui deux groupes principaux, antagoniques depuis le début des années 1990. Au Mexique, dès sa genèse le champ du trafic de drogues a été subordonné au champ politique. Mais la fin du régime de parti d’État en 2000 a résulté en une autonomisation relative des trafiquants par rapport au pouvoir politique. Ce dernier tente de reprendre le contrôle en militarisant la lutte antidrogue, une mesure désespérée et fort risquée.
Drug Geopolitics in Mexico: Sinaloan Hegemony on Illicit Drug Trade
Luis Astorga
Most leaders of the drug trafficking
organisations that operate everywhere in Mexico are from Sinaloa
State. The Sinaloans have been hegemonic in the field of drug
trafficking at least since World War II, and even more conspicuously
since the 1970s. During the presidency of Carlos Salinas (1988-1994),
they temporarily lost their supremacy to a group from Tamaulipas
State that includes former members of Mexican army units in
charge of the antidrug fight. At present, the Sinaloans’
oligopoly is no longer homogeneous: there are two main groups,
which have been enemies since the early 1990s. The drug-trafficking
field in Mexico was dominated by the political field right
from its inception in the early 20th century. But the end
of the single-party regime in 2000 has granted the traffickers
some autonomy from political power. The latter is trying to
regain control by militarizing the antidrug fight—–
a desperate and highly risky move.
La filière coca : du licite à l'illicite. Grandeur et décadence d'une marchandise internationale (texte
intégral)
Paul Gootenberg
Cet article analyse 150 ans d’histoire controversée de la cocaïne à l’aide du concept sociologique de « filière de denrée » transnationale (commodity chain). La phase initiale (1860-1910), a vu la construction de la feuille de coca des Andes en tant que marchandise du commerce international moderne. La coca andine était alors liée à l’Occident au travers d’une filière cocaïne « germanique » et de deux réseaux, respectivement américain et anglo-français, d’exportation de feuille. La deuxième phase (1910-1950) se caractérise par l’imposition de nouvelles contraintes sur la denrée cocaïne, l’émergence de nouveaux réseaux coloniaux néerlandais et japonais en fragmentant le commerce et la législation antidrogue internationale la délégitimant. La dernière période (1950-2000) témoigne de la renaissance de la cocaïne, désormais en tant que denrée de filières illicites et pourtant dépendante d’anciennes tensions et relations entre les États-Unis et les Andes orientales.
Cocaine in Chains: The Rise and Demise of a Global Commodity
Paul Gootenberg
This paper analyses 150 years of cocaine’s
controversial history through the sociological concept of
transnational commodity chain. During the initial phase (1860-1910),
the Andean coca leaf became a commodity of modern international
trade. Andean coca was then linked to the West through a German
cocaine connection and two networks –– American
and Anglo-French – of coca leaf exportation. The second
phase (1910-1950) was marked by the imposition of new constraints
on the cocaine commodity, the emergence of new colonial networks
–(Dutch and Japanese) which fragmented the trade, and
the international antidrug legislation that made it illegal.
The last phase (1950-2000) has witnessed the rebirth of cocaine,
now as a commodity of illegal connections and yet depending
on former tensions and relations between the United States
and the Eastern Andes.
Drogues illicites, territoire et conflits en Afghanistan et en Birmanie (texte intégral)
Pierre-Arnaud Chouvy
Le Triangle d’Or (Birmanie, Laos, Thaïlande) et le Croissant d’Or (Afghanistan, Iran, Pakistan), les deux principaux espaces de production illicite d’opium en Asie et dans le monde, sont marqués par une importante superposition d’ensembles spatiaux qui, à travers des géohistoires complexes, leur ont légués autant de discontinuités, de fronts et de frontières. Dans le contexte des économies de guerre qui sont les leurs, où du nerf de la guerre l’opium en devient l’enjeu, les deux espaces se révèlent être soumis à des processus de territorialisation qui se font par, pour et même contre l’opium. Ils correspondent donc davantage à des mosaïques territoriales aux géométries et limites variables qu’à des territoires bien définis et à part entière.
Illicit Drugs, Territory and Conflicts in Afghanistan and Burma
Pierre-Arnaud Chouvy
The Golden Triangle (Burma, Laos, Thailand) and the Golden Crescent (Afghanistan, Iran and Pakistan), the two major locales of illicit opium production in Asia and the world, are marked by a complex overlapping of territories, the legacy of intricate geohistories that have engendered discontinuities, fronts and frontiers. In their present economies of war, where opium has evolved from sinews to stakes, the two spaces prove to be subjected to territorialisation processes occurring through, for and even against opium. The Golden Crescent and Triangle are therefore better defined as territorial mosaics of variable geometries and boundaries than as neatly circumscribed and self-contained territories.
Le développement alternatif en Afghanistan : l'échec du donnant-donnant
David Mansfield
Depuis une dizaine d’années, l’augmentation de la production d’opium en Afghanistan ne surprend plus, et ce même si, dès 1989, toute une série de mesures ont été engagées afin de la diminuer. Durant les dix dernières années, un certain nombre de projets de développement visant à réduire les cultures de pavot à opium ont été initiés en Afghanistan et les Nations unies en ont clairement été l’un des principaux acteurs. Mais l’absence de compréhension satisfaisante du rôle multifonctionnel que le pavot à opium joue dans les stratégies économiques familiales ainsi que des difficultés de financement récurrentes ont compromis les chances de succès des projets de développement alternatif en Afghanistan. Bien que le développement alternatif ait obtenu quelques succès il n’en reste pas moins un outil encore inadapté à sa fonction. Il doit encore être amélioré afin de devenir efficace et pertinent tant du point de vue du contrôle antidrogue que du développement conventionnel.
Alternative Development in Afghanistan : The Failure of Give and Take
David Mansfield
Despite a series of measures designed to curb it since 1989, the increase opium production in Afghanistan during the last ten years is not a paradox. During the 1990s, a number of development projects have been initiated in order to reduce the cultivation of the opium poppy in the country, and the United Nations were clearly one of the main actors. But the lack of adequate understanding of the multifunctional role played by the opium poppy in the economic strategies of Afghan families, together with chronic funding problems, have compromised the success of alternative development in Afghanistan. In spite of some positive outcomes, alternative development remains a blunt instrument ill-adjusted to its function, and which must improve if it is to become efficient for and relevant to drug-control and overall development.
Croissance et... croissance de l'économie du cannabis en Afrique subsaharienne (1980-2000) (texte intégral)
Pascale Perez & Laurent
Laniel
La culture du cannabis connaît à partir des années 1980 un fort développement en Afrique subsaharienne. Par ses caractéristiques agronomiques et économiques, le cannabis apparaît comme un produit performant compensant la crise des matières premières agricoles, la libéralisation des filières de culture de rente, ou permettant l’intégration des régions enclavées aux circuits marchands. En lien avec le développement de la production, on peut observer la mise en place de nouveaux systèmes commerciaux (trafiquants) et la mutation des systèmes déjà en place. Les marchés de consommation du cannabis africains connaissent parallèlement un fort développement à partir des années 1980, stimulant la production. Si les drogues, et en particulier le cannabis, ont souvent été mentionnées dans les conflits armés africains, elles ont également contribué à la stabilité sociale.
The Rise and Rise of the Cannabis Economy in Sub-Saharan Africa (1980-2000)
Pascale Perez & Laurent
Laniel
In the 1980s, cannabis cultivation increased a great deal in Africa. As an efficient product due to its own special agronomical and economic features, cannabis has partially offset the effects of the multiple crises sparked by the fall of cash crop prices and economic liberalisation, especially of agriculture. It may allow isolated areas to compete on national and international markets. With booming production, new commercial systems have been established while existing ones have changed. The significant growth of African consumer markets for cannabis starting in the 1980s has stimulated production further. While drugs, especially cannabis, have often been mentioned as factors in armed conflicts in Africa, they also have contributed to social stability on the continent.
Opiacés et routes des Balkans : facteurs géographiques, historiques et politiques du phénomène
Philippe Chassagne
Le trafic d’opiacés par les routes balkaniques doit être replacé dans une perspective historique remontant à la période ottomane. Il renvoie à la fois à la criminalisation du commerce des drogues et à la construction de l’Etat dans les Balkans. Son étude souligne l’importance qu’ont eue dans l’histoire de la région la situation géographique de la péninsule et les circulations multiples qui l’ont concernée, avec leurs effets positifs et négatifs. Les différents contextes politiques au cours du XXe siècle ont influencé les évolutions du trafic sans jamais vraiment le remettre en cause. En fait les enjeux politiques et l’implication des appareils d’Etat, dans les Balkans mais aussi à l’échelle internationale, expliquent largement le développement et la perpétuation de ce trafic, animé par des réseaux d’intérêts variés.
Opiates and the Balkan Route: Geographical, Historical and Political Factors
Philippe Chassagne
The traffic in opiates on the Balkan route should be placed in a historical perspective that highlights the criminalization of drugs and state-making in the Balkans since the Ottoman era. Its study reveals how much the geographical location of the Balkan peninsula and the multiple effects of the circulation of humans on it have marked the region’s history. Although the contrasted political contexts of the 20th century had an impact on the drug trade they never really questioned it. In fact, politics and the involvement of states in the Balkans as well as internationally go a long way to explain the generation and maintenance of a trade managed by multiple and wide-ranging networks of interests.
Mafias et trafics de drogue : le cas exemplaire de Cosa Nostra sicilienne
Giuseppe Muti
Pivot fondamental dans l’histoire de l’organisation criminelle sicilienne, l’engagement de Cosa Nostra dans le trafic mondial des drogues illicites apparaît en mesure d’expliquer certains caractères de l’actuelle montée en puissance des acteurs criminels et de leur transformation en acteurs géopolitiques d’envergure. Déjà organisée comme un moderne entreprise mondialisé il y a soixante années, la mafia de la drogue « par excellence » a tiré des revenus inimaginables de cette activité spécifique, mettant en place les premiers réseaux modernes de blanchiment d’argent et participant donc aux premières dynamiques de la mondialisation du capital financier et spéculatif. Les ayant peut-être mêmes précédées, elle semble en tout cas les avoir profondément inspirées.
Organised Crime and Drug trafficking: The Paradigmatic Case of Sicily’s Cosa Nostra
Giuseppe Muti
A turning point in the history of Sicilian organized crime, the involvement of La Cosa Nostra in the trade in illicit drugs helps explain the present rise of criminals to power and their transformation into significant geopolitical actors. Since it was already organised as a globalised and modern “enterprise” 60 years ago, the archetypal drug mafia obtained tremendous profits from this special activity. By establishing the first modern money-laundering networks it contributed to early globalising dynamics of financial and speculative capital; it may even have preceded them, and it surely profoundly inspired them.
BIOGRAPHIES
(top)
Pierre-Arnaud Chouvy
est géographe chargé de recherches au CNRS
(UMR 8586 PRODIG).
Ses recherches portent sur les territoires en crise d'Asie
et les activités illicites qui y ont cours. Il est
l’auteur de deux ouvrages : Les
territoires de l’opium. Conflits et trafics du Triangle
d'Or et du Croissant d’Or, aux éditions Olizane
(Genève, 2002) ; et, en collaboration avec Joël
MEISSONNIER, Yaa
Baa – Production, trafic et consommation de méthamphétamine
en Asie du Sud-Est continentale, aux éditions L’Harmattan
- IRASEC (Paris - Bangkok, 2002). Il produit Geopium.org.
Pierre-Arnaud Chouvy is a geographer and research fellow at CNRS (UMR 8586 PRODIG). His research focuses on the territories in crisis of Asia and related illicit activities. He has authored two books: Les territoires de l’opium. Conflits et trafics du Triangle d'Or et du Croissant d’Or (Olizane, Geneva, 2002); and with Joël MEISSONNIER, Yaa Baa – Production, trafic et consommation de méthamphétamine en Asie du Sud-Est continentale, (L’Harmattan-IRASEC, Paris- Bangkok, 2002). He produces Geopium.org.
Laurent Laniel est actuellement chargé de recherche à l’Institut des Hautes Études de la Sécurité Intérieure (IHESI). Chargé d’étude à l’Observatoire géopolitique des drogues (OGD) entre 1995 et 2000, consultant et membre du réseau MOST-drogues de l’UNESCO entre 1997 et 2002, il a été co-auteur du rapport final Drugs, Globalization and Criminalization (UNESCO, 2002). Doctorant en Sociologie à l’EHESS (CIRPES), il est également auteur et traducteur de divers articles relatifs au trafic de drogues et à sa répression. Dernier article paru : « La guerre à la drogue aux États-Unis après le 11 septembre » (Diplomatie, n° 1, janvier-février 2003). Il produit DrugSTRAT.
Laurent Laniel is research fellow at the Institut des Hautes Études de la Sécurité Intérieure (IHESI). Researcher at the Geopolitical Drug Watch (OGD) between 1995 and 2000, and consultant for, and member of UNESCO's MOST-Drugs network between 1997 and 2002, he co-authored the MOST final report, Drugs, Globalization and Criminalization (UNESCO, 2002). A doctoral student in sociology at EHESS (CIRPES), he has authored and translated many papers on drug trafficking and drug law enforcement, for instance « La guerre à la drogue aux États-Unis après le 11 septembre » (Diplomatie, n° 1, January/February 2003). He produces DrugSTRAT.
Alain Labrousse est sociologue. Membre fondateur et ancien directeur de l'Observatoire géopolitique des drogues (OGD), il est notamment l'auteur du Dictionnaire géopolitique des drogues (De Boeck, 2003) et d'un Que-Sais-Je ? à paraître sur la géopolitique des drogues.
Alain Labrousse is a sociologist. Founding member and former director of the Geopolitical Drug Watch (OGD), he has authored several books, including a Dictionnaire géopolitique des drogues (De Boeck, 2003) and an issue of Que-Sais-Je ? on drugs geopolitics (forthcoming) .
Luis Astorga est chercheur à l’Institut de recherche sociale (IIS) de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), où il coordonne actuellement la chaire de l’UNESCO « Transformations économiques et sociales liées au problème international des drogues ». Outre nombre d’articles sur les drogues publiés au Mexique, aux États-Unis, dans divers pays d’Europe et en Inde, il est l’auteur des ouvrages Mitología del ‘narcotraficante’ en México (UNAM/Plaza y Valdés, 1995) et El siglo de las drogas (Espasa-Calpe, 1996). Son dernier ouvrage vient de paraître au Mexique: Drogas sin fronteras (Grijalbo, 2003).
Luis Astorga
is a sociologist and research fellow at the Instituto de Investigaciones
Sociales, National Autonomous University of Mexico (UNAM),
where he is presently in charge of the UNESCO
chair "Economic
and Social Transformations related to the International Drug
Problem". In addition to publishing many articles
on drugs in Mexico, the United States, several countries of
Europe, and India, he has authored the books Mitología
del ‘‘narcotraficante’ en México
(UNAM/Plaza y Valdés, 1995) and El siglo de
las drogas (Espasa-Calpe, 1996). His latest book was released
recently in Mexico: Drogas sin fronteras (Grijalbo,
2003).
Paul Gootenberg est spécialiste de l’histoire des drogues. Il est Professeur d’Histoire et Directeur du Centre des Études sur l’Amérique latine et les Caraïbes à la Stony Brook University de New York. Il a coordonné Cocaine: Global Histories (Routledge, 1999).
Paul Gootenberg is a specialist of drug history. He is History Professor and Director of Latin American and Caribbean Studies at Stony Brook University, New York. He has published as editor Cocaine: Global Histories (Routledge, 1999).
David Mansfield est conseiller en matière de drogues au ministère des Affaires étrangères (Foreign Office) du Royaume-Uni.
David Mansfield is Drug Adviser at the Foreign and Commonwealth Office of the United Kingdom.
Pascale Perez est docteur en géographie. De 1994 à 1998, elle travaille à l’OGD où elle est chargée du secteur Afrique et réalise les travaux cartographiques de l’Observatoire ; elle est co-auteur de l’Atlas mondial des drogues. De 1999 à 2003, elle intègre l’Institut des Hautes Etudes de la Sécurité Intérieure (IHESI) où elle mène notamment un projet sur la cartographie de la criminalité. Actuellement, elle est responsable du Pôle Ingénierie au Cabinet Althing (pa_perez@club-internet.fr).
Pascale Perez
holds a Ph.D. in geography. Between 1994 and 1998 she worked
as a cartographer at the Geopolitical Drug Watch (OGD),
where she was in charge of the Africa Department. She co-authored
the Atlas mondial des drogues. Between 1999 and 2003
she worked for the Institut des Hautes Etudes de la Sécurité
Intérieure (IHESI),
where she directed a project on crime mapping. At present,
she is head of the Engineering Dpt at Cabinet Althing,
a consulting firm (pa_perez@club-internet.fr).
Philippe Chassagne est doctorant en géographie. Il prépare une thèse sur les réseaux criminels balkaniques sous la direction de Georges Prévélakis à l'Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne (pchassag@aol.com).
Philippe Chassagne is a doctoral student in geography. He is writing his thesis on Balkan criminal networks under the supervision of Georges Prévélakis at Paris I - Panthéon--Sorbonne University (pchassag@aol.com).
Giuseppe Muti est doctorant de l’Université de Rome « La Sapienza » (département études géoéconomiques) et de l’Université Paris I « Panthéon - Sorbonne » (école doctorale de géographie). Il est aussi président de l’Observatoire milanais sur la criminalité organisée dans le Nord (Omicron), membre de l’Observatoire géopolitique sur la criminalité internationale (OGCI), et ancien correspondant en Italie de l’OGD. (giuseppe.muti@uniroma1.it).
Giuseppe Muti is a doctoral student at Rome's "La Sapienza" University (Geoeconomics Dpt) and Paris I - Panthéon--Sorbonne University (Geography Doctoral School). He is president of the Milan Observatory of Organised Crime in the North (Omicron), member of the International Crime Geopolitical Observatory (OGCI), and a former OGD correspondent in Italy (giuseppe.muti@uniroma1.it).
Hérodote n° 112, 1° trimestre 2004, La Découverte, 2004 (©). DrugSTRAT 2004 (©). All translations except abstracts by Laurent Laniel for DrugSTRAT.