PRODUCTION DE DROGUE ET STABILITE DES ETATS
Rapport

DRUG PRODUCTION AND STATE STABILITY
Policy Brief

 

Pierre-Arnaud Chouvy (CNRS-PRODIG)

Laurent Laniel (INHES)

***

SGDN
Secrétariat général de la défense nationale


CERI
Centre d’études et de recherches internationales

***
Rapport bilingue de décembre 2005 rendu public en avril 2006

December 2005 bilingual Policy Brief released in April 2006


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Français: Préface - Sommaire - Introduction
English:
Foreword - Contents - Introduction


Préface

La perception que nos Etats entretiennent de la sécurité s’élargit pour prendre en compte des menaces moins traditionnelles telles que le terrorisme, la prolifération, les trafics de personne et de marchandises illicites, dont les drogues. Les productions de drogues agricoles sont en effet, à la fois, à l’origine de ressources significatives mais illégales, pour des populations rurales très fragiles et, pour les pays vers lesquelles elles sont exportées, des menaces à leur sécurité. L’impact local des productions de drogues agricoles est moins connu, du moins en France. Ce sujet, pourtant important du point de vue de la stabilité de plusieurs Etats, voire de régions entières, comme en Amérique latine. Il se situe au croisement des études de sécurité et de développement et, de ce fait, n’est que peu suivi.
C’est dans le but d’aborder le sujet dans sa globalité et dans sa complexité, que le Centre d’études et de recherches internationales (CERI) et le Centre pour la paix et la sécurité humaine (CPSH) de Sciences-Po ont pu, grâce au soutien du Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), organiser à Paris, le 6 octobre 2005, un séminaire sur le thème « Production de drogue et stabilité des Etats ». Réunissant autour d’une même table des chercheurs, des praticiens et des acteurs, cette rencontre avait pour objectif de dresser un panorama de la question, à l’échelle mondiale, tout en portant un regard analytique sur les mesures promues par la communauté internationale, en matière de lutte contre la drogue.
Le SGDN, à l’origine de l’idée de ce séminaire, est un service du Premier ministre. Il se situe au point de convergence des dossiers intéressant la sécurité intérieure et extérieure de la France. Secrétariat interministériel, le SGDN donne la priorité à la réflexion, à la préparation de la décision et au suivi de celle-ci. Il coordonne et anime des équipes constituées selon les questions à traiter, avec le concours des ministères concernés. Le CERI, dont l’un des objectifs est de fournir une expertise sur les problèmes internationaux, notamment dans le domaine des questions de sécurité, a choisi de d’organiser et de conduire cet effort de réflexion collective sur l’impact des productions agricoles de drogues sur la stabilité des Etats, avec le CPSH. Ce nouveau centre de recherche thématique de Sciences Po se fonde sur une pédagogie et une approche interdisciplinaire. Il a pour but de produire articles et publications sur l’élargissement des doctrines et paradigmes de sécurité. Le laboratoire PRODIG du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Institut national des hautes études de la sécurité (INHES) ont également été associés à cette entreprise, par l’intermédiaire de deux de leurs chercheurs.
Nous sommes heureux de pouvoir aujourd’hui présenter les fruits de cette collaboration, la seconde depuis 2004 (1).

Christophe Jaffrelot (CERI), Eric Lebédel (SGDN), Sharbanou Tadjbakhsh (CPSH)

(1) Une première collaboration entre le SGDN et le CERI avait conduit, en juin 2004, à la tenue d’un séminaire intitulé « les anciens combattants d’aujourd’hui – démobilisation, désarmement et réinsertion » et à la publication d’un rapport sur le même sujet, disponible sur le site Internet du CERI (www.ceri-sciences-po.org).


Sommaire

1. Production de drogue et stabilité des Etats : quelle problématique ?

2. L’opium dans les transitions des économies de guerre aux économies de paix en Asie

3. Le cannabis en Afrique : économies rurales et stabilité des Etats

4. Coca et revendications politiques en Amérique du Sud

5. Quelles relations entre production de drogue et stabilité des Etats ?

6. Tableaux : évolution de la production agricole de drogues et des surfaces cultivées

7. Cartographie mondiale des aires de production des trois principales « plantes à drogues »

8. Bibliographie sélective

Introduction

Ce rapport fait suite à un séminaire organisé par le CERI, Pierre-Arnaud Chouvy (CNRS-Prodig), Laurent Laniel (INHES) et avec la collaboration du CPSH, grâce au soutien du SGDN (1).
Cette journée d’étude avait pour ambition de réunir des chercheurs et spécialistes de disciplines et de nationalités différentes afin de traiter de la question complexe des relations qui existent entre production agricole de drogues et stabilité des Etats. Les questions soulevées par cette problématique sont nombreuses. Doit-on estimer que la production agricole de drogue est une conséquence et/ ou une cause de l’instabilité des Etats ? De telles productions agricoles sont-elles systématiquement déstabilisatrices ou peuvent-elles permettre, dans certains contextes, de maintenir un statu quo socio-économique et donc politique, voire de faciliter des transitions entre une économie de guerre et une économie de paix ? Enfin, dans quelle mesure la stabilité ou l’instabilité d’un Etat peuvent-elles favoriser le recours à la production agricole de drogues ?
L’objectif de la journée d’étude était donc de brosser un tableau aussi complet que possible de la situation mondiale sans, bien sûr, prétendre à l’exhaustivité. Les interventions ont porté sur les principales trois plantes à drogues, le pavot à opium, le cannabis et le cocaïer, et sur les trois continents sur lesquels la culture de ces plantes a lieu et est, ou a été, liée à des contextes de conflits armés : l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud.
Alain Labrousse, ancien directeur de l’Observatoire géopolitique des drogues (OGD), grand spécialiste de la géopolitique mondiale des drogues et auteur de nombreux ouvrages et articles sur le sujet, a introduit la journée d’étude en dressant un tableau mondial des zones et des contextes de production des trois plantes à drogue.

L’opium dans les transitions des économies de guerre aux économies de paix en Asie
La première session de la journée d’étude, consacrée à l’Asie et au rôle que l’opium y joue dans les transitions des économies de guerre aux économies de paix, a donné la parole à Jeremy Milsom, doctorant australien (Melbourne University), à David Mansfield, consultant indépendant de nationalité britannique, et à Pierre-Arnaud Chouvy (CNRS-PRODIG), géographe français chargé de recherche au CNRS.
Jeremy Milsom, qui bénéfice d’une longue expérience de terrain dans la région du nord de l’Etat shan de Birmanie tenue par la United Wa State Army (UWSA), a détaillé et expliqué le contexte politique et les modalités socio-économiques du recours à la production d’opium dans la région spéciale n° 2 de l’UWSA. Il a notamment insisté, dans le contexte actuel d’une suppression accélérée de la production d’opium, sur les difficiles conditions de survie de la paysannerie de l’opium de la région considérée et sur les menaces que de telles conditions pourraient représenter pour la fragile stabilité politique des autorités wa et de leur territoire.
David Mansfield, qui a réalisé de longs séjours et de très nombreuses missions d’étude sur le sujet en Afghanistan, a présenté la grande complexité de la question afghane de l’opium à travers la diversité des situations vécues par les paysans de l’opium de la province orientale du Nangarhar. Il a tout particulièrement souligné la contre-productivité et les effets pervers de la suppression rapide de la production d’opium, notamment en termes de croissance et de stabilité économique.
Pierre-Arnaud Chouvy, qui compare depuis plus de dix ans les contextes de production d’opium de l’Afghanistan et de la Birmanie, est revenu sur ces deux pays en insistant sur le rôle que l’économie de l’opium a joué dans leurs économies de guerre respectives et sur celui qu’elle joue désormais dans leurs transitions vers des économies de paix. Il a noté que si la production d’opium avait clairement procédé de l’instabilité des deux Etats concernés, elle procédait désormais plus de leurs graves insécurités alimentaires qu’elle ne menaçait leurs sécurités en termes stratégiques.
Deux discutants, Christian Lechervy (Sciences-Po) et Olivier Roy (CNRS-CERI), respectivement spécialistes des questions birmanes et afghanes, ont élargi les questions soulevées par les intervenants en insistant sur la complexité des contextes régionaux de l’Asie du Sud-Est continentale de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud.

Le cannabis en Afrique : économies rurales et stabilité des Etats
La deuxième session, consacrée à l’économie du cannabis dans le continent africain, a réuni deux intervenants pour traiter de la question pour le moins mal connu des contextes africains de production de cannabis au regard de la stabilité de leurs Etats : Kenza Afsahi, économiste doctorante de nationalité marocaine et Laurent Laniel, sociologue français chargé de recherche à l’Inhes.
Kenza Afsahi, qui mène depuis plusieurs années des recherches doctorales portant sur l’économie paysanne du cannabis dans les montagnes du Rif, dans le nord du Maroc, a expliqué le contexte historique, culturel, politique et économique de la culture du cannabis dans la région afin de mieux comprendre comment cette activité économique qui s’est très largement développée au cours des deux dernières décennies a permis d’y maintenir un certain statu quo socio-économique et politique. Elle a d’ailleurs mis en garde contre la « bombe à retardement » que la non-gestion de cette situation a créée.
Laurent Laniel, qui travaille depuis une quinzaine d’années sur les questions géopolitiques et stratégiques relatives aux drogues, a traité de la difficile et très mal connue question du recours à l’économie du cannabis en Afrique subsaharienne où crises économiques et politiques ont favorisé le développement des cultures de cannabis pour pallier les échecs du développement économique et la fragilité des stabilités politiques : le cannabis en Afrique subsaharienne, une alternative au développement ? Peut-être, dit-il, dès lors que l’Afrique ne compte aucun programme de développement alternatif…
Jean-Marc Balencie, consultant spécialisé sur l’Afrique subsaharienne dans un cabinet privé et co-auteur des ouvrages Mondes rebelles, a ouvert la discussion de cette session en rappelant la place et le rôle que le cannabis a pu jouer dans certains conflits africains.

Coca et revendications politiques en Amérique du Sud
Dans le cadre de la dernière session, trois intervenants ont analysé les différentes mobilisations politiques auxquelles la défense de la coca, cible de l'éradication dans le cadre d'une « guerre à la drogue » d'inspiration américaine, a pu donner lieu dans les trois pays andins qui en sont les principaux producteurs mondiaux : Bolivie, Colombie et Pérou.
Dionicio Núñez, député du MAS, premier parti d'opposition bolivien (2), a rappelé que, depuis la crise économique des années 1980, la culture de la coca permet d'assurer la survie de milliers de familles. La feuille de coca est, pour les populations aymaras et quechuas majoritaires dans le pays, une plante sacrée aux vertus multiples, dont la culture et les usages, contrôlés mais légaux, sont à distinguer nettement de ceux d'une drogue illégale telle que la cocaïne. Rejetant l'éradication forcée de la coca comme une politique injuste ainsi qu'inefficace pour lutter contre la cocaïne, le député aymara a appelé de ses voeux la mise en oeuvre de mesures visant, au contraire, à industrialiser les produits dérivés de la feuille de coca. Selon lui, de telles mesures fourniraient aux cultivateurs un débouché légal pour leur produit, que dès lors ils n'auraient plus à vendre aux narcotrafiquants.
L'anthropologue colombienne María Clemencia Ramírez a souligné les différences entre le cas bolivien et celui de la Colombie, premier producteur mondial de coca et de cocaïne. Dans ce dernier pays, en effet, les cultivateurs, pour la plupart très pauvres et vivant dans des régions soumises au contrôle d'acteurs armés non-étatiques (guérillas et paramilitaires), n'ont aucun attachement culturel à la coca et ne la cultivent que parce qu'elle procure un revenu plus élevé que les autres productions agricoles possibles. Cette absence de lien culturel à la plante fait que les autorités colombiennes se sentent légitimes à criminaliser la paysannerie de la coca et à employer à son encontre les moyens extrêmes prônés par Washington (aspersions aériennes d'herbicide) interdits en Bolivie et au Pérou.
Pour sa part, Ricardo Soberón Garrido, juriste péruvien, a étudié l'impact des politiques de lutte antidrogue menées dans les pays andins à la lumière du cas péruvien. Sur un terreau de pauvreté et d'absence de développement, la culture de la coca y connaît depuis les années 1970 des cycles de croissance au gré des fluctuations de la demande sur les marchés de consommation. Ces cycles, qui se sont accompagnés d'une violence toujours plus intense (due tant aux trafiquants qu'aux policiers et militaires), ont fait du narcotrafic une composante centrale et durable de la réalité sociale, économique et politique andine. Selon Soberón, cette nouvelle situation permet aux États-Unis d'augmenter leur influence sur les gouvernements régionaux, mais limite l'indépendance des pays andins, affaiblit leurs institutions démocratiques et nuit grandement aux droits de l'Homme.
Olivier Dabène, chercheur au CERI, a ouvert la discussion en rappelant que les politiques antidrogue appliquées jusqu'ici en Amérique du Sud se sont avérées non seulement inefficaces mais surtout contreproductives, en y suscitant un fort antagonisme à l'encontre de leur principal promoteur : les États-Unis.

Conclusions
Le mot de la fin est revenu à Alfred McCoy, historien de l’université de Wisconsin-Madison dont l’ouvrage The Politics of Heroin in Southeast Asia, publié en 1972, est devenu l’ouvrage de référence sur les instrumentalisations stratégiques du recours à l’économie des drogues dans le contexte sud-est asiatique de la guerre froide. Après avoir fait la synthèse des interventions et des débats de la journée, Alfred McCoy a fait part de ses analyses et de ses vues concernant les échecs répétés de plus de trente ans d’une « guerre contre la drogue » qui s’est souvent révélée contre-productive en termes de surfaces mondiales cultivées en pavot, en coca, et vraisemblablement en cannabis, mais qui a aussi eu des effets pervers, notamment en terme de stabilité des Etats, de militarisation de questions avant tout économiques ou sociales, de démocratie et de droits de l’homme (3).

NOTES
(1) Les auteurs tiennent tout particulièrement à remercier Jasmine Zérinini (SGDN) pour son soutien à ce projet et ses précieux commentaires sur une version précédente du rapport.
(2) Le MAS est devenu le parti de gouvernement suite aux élections générales de janvier 2006.
(3) Ces arguments sont développés dans son article, « The Stimulus of Prohibition » (2004 : 26) : « en dépit de quatre « guerres contre la drogue », menées par les Etats-Unis, pour un coût total de 150 milliards USD, la production illicite mondiale d’opium a été multipliée par cinq, passant de 1 200 tonnes en 1971 à 6 100 tonnes en 1999. De même après quinze ans d’éradication menée dans les pays andins par les gouvernements à la demande américaine, la production de feuilles de coca a été multipliée par deux, atteignant 6 000 tonnes en 1999. dans les trois décennies depuis le début de la « guerre contre la drogue », le nombre de consommateurs d’héroïne aux Etats-Unis a été multiplié par plus de dix, passant de 68 000 à 980 000 ».


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Foreword

Perceptions of security shared by our states have widened to take into account less traditional threats such as terrorism, arms proliferation, and trafficking in human beings and illegal goods, including drugs. Agricultural drug production is the source of significant but illegal resources for very fragile rural peoples, as well as a threat to the security of those countries to which the drugs are exported. The local impact of agricultural drug production is less well understood, at least in France. Although important from the point of view of the security of a number of states - even of whole regions, as in Latin America – the subject belongs partly to the field of security studies and partly to that of development studies, and has therefore not been much examined in its own right.
It was in order to address this complex issue from all angles that the Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (CERI – Centre for international research and studies) and Sciences-Po’s Centre pour la Paix et la Sécurité Humaine (CPSH – Centre for peace and human security) organised a seminar on ‘Drug production and state stability’, held in Paris on 6 October 2005, with the financial support of the Secrétariat Général de la Défense Nationale (SGDN– Office of the Secretary General for National Defence). Bringing together researchers, field workers and major players, the goal of the event was to take a global overview of the subject, along with an analytical look at the measures implemented by the international community in order to fight against drugs.
The SGDN, from which the idea for the seminar first came, is one of the Prime Minister’s departments, and is active where issues regarding the internal and external security of France converge. An inter-ministerial office, the SGDN prioritises reflection upon, preparation for, decision-making on, and follow-up of such issues. It coordinates and oversees teams put together to address specific questions, with the aid of ministries concerned. The CERI, one of whose objectives is to make expert assessments of international problems, in particular in the field of security, decided to organise this collective exchange of ideas on the effect of agricultural drug production upon state security in collaboration with the CPSH. This new centre for thematic research, set up by Sciences-Po, is based upon an interdisciplinary pedagogical approach. Its aim is to produce articles and publications on the broadening of security doctrines and paradigms. The PRODIG laboratory of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS – National centre for scientific research) and the Institut National des Hautes Etudes de Sécurité (INHES – National institute for advanced security studies) also associated themselves with the event through participation of two of their researchers.
We are pleased to present the results of this collaborative effort, the second since 2004 (1).

Christophe Jaffrelot (CERI), Eric Lebédel (SGDN), Sharbanou Tadjbakhsh (CPSH)

(1) An initial collaboration between the SGDN and the CERI led to a seminar being held in June 2004, entitled ‘today’s old soldiers – demobilisation, disarmament and reintegration’ and to the publication of a report on the same subject, available on the CERI Internet site (www.ceri-sciences-po.org).


Contents
1. The problem of drug production and state stability

2. The transition from war economies to peace economies: the role of opium

3. Cannabis in Africa: rural economies and state stability

4. Coca and political demands in South America

5. Relationship between drug production and state stability

6. Tables: development of agricultural drug production and of surface areas under cultivation

7. World map of production areas for the three main ‘drug plants’

8. Selected bibliography

Introduction

The present report follows a seminar held in Paris, France, by the CERI, Pierre-Arnaud Chouvy (CNRS-PRODIG) and Laurent Laniel (INHES), with the collaboration of the CPSH, thanks to the support of the SGDN (1).
The study day brought together researchers and specialists in a variety of disciplines and of a variety of nationalities with a view to addressing the complex question of the relationship between agricultural drug production and state security. Many questions are raised by the issue. Should agricultural drug production be viewed as a consequence and/or a cause of state instability? Is such agricultural production systematically destabilising or does it, in some contexts, help maintain a socio-economic and therefore political status quo, even easing transition from a war economy to a peace economy? Finally, how far might a state’s stability or instability foster resorting to agricultural drug production?
The aim of the seminar was therefore to paint as comprehensive a picture as possible of the world situation – without, of course, claiming to be exhaustive. Speakers addressed the three main drug plants – the opium poppy, the cannabis plant and the coca tree – and the three continents where they are grown, and where their cultivation is or was connected to situations of armed or social-political conflict: Asia, Africa and South America.
Alain Labrousse, former director of the Observatoire Géopolitique des Drogues (OGD – Geopolitical Drug Watch), a top specialist in world drug geopolitics and author of several books and papers on the subject, introduced the study day by painting a global picture of the regions and contexts in which the three drug plants are produced

Opium in transitions from war economies to peace economies in Asia
The day’s first session, which was devoted to Asia and to the role of opium in transitions from war economies to peace economies, was led by Jeremy Milsom, an Australian doctoral student (Melbourne University), David Mansfield, an independent consultant from Britain, and Pierre-Arnaud Chouvy (CNRS-PRODIG), a French geographer and CNRS research fellow.
Jeremy Milsom, who has had considerable field experience in the northern part of the Shan state of Burma held by the United Wa State Army (UWSA), detailed and analysed the political context and socio-economic factors explaining the resort to opium production in the UWSA’s special region n° 2. He laid particularly strong emphasis on the difficult survival conditions for the region’s opium farmers in the present context of accelerated suppression of opium production, and on how such conditions could jeopardise the precarious political stability of the Wa authorities and their territory.
David Mansfield, who has paid lengthy visits to and made numerous studies of the subject in Afghanistan, presented the Afghan opium problem in all its complexity by addressing the diversity of situations experienced by opium farmers in the eastern province of Nangarhar. He put special emphasis on the counter-productivity and unintended effects of rapid suppression of opium production, above all in terms of economic growth and political stability.
Pierre-Arnaud Chouvy, who has been comparing the Afghan and Burmese opium production contexts over the last ten years, stressed the role that the opium economy played in their respective war economy contexts and the role it has played in their recent transitions to peace economies. He observed that although opium production clearly originated from the instability of the two states concerned, it later became more the result of major food supply uncertainties, which did not threaten security in strategic terms.
Two speakers, Christian Lechervy (Sciences-Po) and Olivier Roy (CNRS-CERI), specialists in Burmese and Afghan questions, respectively, expanded upon questions posed by the speakers by emphasising the complexity of continental South-East Asian, Central Asian and South Asian regional contexts.

Cannabis in Africa: rural economies and state stability
The second session was devoted to the African cannabis economies, and called upon two speakers to address the much less researched relationship between cannabis production and state stability in Africa: Kenza Afsahi, a Moroccan Ph.D. student in economics, and Laurent Laniel, a French sociologist and INHES research fellow.
Kenza Afsahi, who for the past few years has been carrying out research for her doctoral thesis on the cannabis farming economy in the Rif Mountains of northern Morocco, explained the economic, political, cultural and historical context of cannabis cultivation in the region. She explained how this economic activity, which has grown considerably over the last twenty years, has permitted the maintenance of a type of socio-economic and political status quo. She also warned of the ‘time bomb’ that lack of management of the situation has created.
Laurent Laniel, who has been working on drug-related geopolitical and strategic issues for the last fifteen years, addressed the difficult and little-understood question of development of cannabis cultivation in sub-Saharan Africa in the context of economic and political crises. Is cannabis an alternative to development in sub-Saharan Africa? Perhaps, he said, since no alternative development programme has been implemented in Africa.
Jean-Marc Balencie, a private-sector consultant on sub-Saharan Africa, and co-author of the ‘Mondes rebelles’ volumes, opened this session’s discussion by an overview of the role that cannabis has played in a number of African conflicts.

Coca and political demands in South America
During the final session, three speakers analysed the various political movements brought about by the defence of coca cultivation – targeted for eradication as part of an American-inspired ‘war on drugs’ – in the three Andean countries that are the world’s main producers: Bolivia, Colombia and Peru. Dionicio Núñez, a member of MAS, the leading Bolivian opposition party (2), pointed out that, since the economic crisis of the 1980s, coca cultivation has ensured the survival of thousands of families. For the Aymara and Quechua, who make up the majority of the country’s population, the coca leaf is a sacred plant with many virtues, whose cultivation and use – controlled but legal – should be clearly distinguished from those of an illegal drug such as cocaine. Rejecting forcible eradication of coca as an unjust and ineffective policy in the war on cocaine, the Aymara representative called for measures to industrialise production of legal coca leaf derivative products. In his opinion, such measures would afford farmers a legal outlet for their produce, which they would then no longer have to sell to drug traffickers.
The Colombian anthropologist María Clemencia Ramírez emphasised the differences between the Bolivian case and that of Colombia, the world’s top producer of coca and cocaine. In the latter country, farmers – who are for the most part extremely poor and live in regions controlled by armed groups (guerrillas and paramilitary forces) rather than the state – have no cultural attachment to coca, and only grow it because it offers a larger income than other possible agricultural produce. This absence of cultural ties to the plant has led to the Colombian authorities feeling justified in criminalizing coca cultivation and resorting to the extreme measures advocated by Washington (aerial herbicide spraying), which are prohibited in Bolivia and Peru.
Ricardo Soberón Garrido, a Peruvian jurist, looked at the effects of anti-drug policies implemented in Andean countries in the light of the Peruvian case. In a context of poverty and lack of development, coca cultivation has seen cycles of expansion since the 1970s, in line with fluctuations in demand on consumer markets. These cycles, accompanied by ever increasing violence (due to traffickers as much as to the police and the military), have made drug trafficking a central and lasting component of Andean social, economic and political reality. In Soberón’s view, this recent situation has allowed the United States to increase its influence on regional governments, which limits Andean countries’ independence, weakening their democratic institutions and disastrously undermining human rights.
Olivier Dabène, a CERI research fellow, opened the discussion by observing that anti-drug policies implemented in South America have so far proved to be not only ineffective but, above all, counterproductive, inciting major antagonism towards their leading promoter, the United States.

Conclusions
The final word went to Alfred McCoy, a historian at the University of Wisconsin-Madison whose book, The Politics of Heroin in Southeast Asia, first published in 1972, has become the reference work on the strategic manipulation of the drug economies in South-East Asia during the Cold War. After summarising the day’s discussions, Professor McCoy presented his analyses and opinions of the repeated setbacks in almost thirty years of a ‘war on drugs’ which has not stopped an increase in terms of world surface area where opium poppies, coca and probably cannabis are grown, and which has also had unintended consequences, especially in terms of state stability, militarisation of primarily economic and social issues, democracy, and human rights (3).

NOTES
(1) The authors wish to extend special thanks to Jasmine Zérinini (SGDN) for her support of this project and her useful remarks on a draft version of this report.
(2) The MAS has become the ruling party following the general election of January 2006.
(3) These arguments are developed in his article, ‘The Stimulus of Prohibition’ (2004: 26): “Despite four ‘wars on drugs’ waged by the United States for a total cost of US $150 billion, world illegal opium production increased fivefold, from 1,200 tonnes in 1971 to 6,100 tonnes in 1999. Similarly, after fifteen years of attempted eradication in the Andean countries, carried out by their governments at American instigation, coca leaf production had doubled, reaching 6,000 tonnes in 1999. In the three decades following the start of the ‘war on drugs’, the number of heroin users in the United States increased more than tenfold, from 68,000 to 980,000”.


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