PRODUCTION
DE DROGUE ET STABILITE DES ETATS
Rapport
DRUG PRODUCTION AND STATE STABILITY
Policy Brief
Pierre-Arnaud Chouvy (CNRS-PRODIG)
SGDN
Secrétariat
général de la défense nationale
CERI
Centre détudes
et de recherches internationales
***
Rapport bilingue de décembre 2005 rendu
public en avril 2006
December 2005 bilingual Policy Brief released in April 2006
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Français:
Préface - Sommaire
- Introduction
English: Foreword
- Contents - Introduction
La
perception que nos Etats entretiennent de la sécurité sélargit
pour prendre en compte des menaces moins traditionnelles telles que le terrorisme,
la prolifération, les trafics de personne et de marchandises illicites,
dont les drogues. Les productions de drogues agricoles sont en effet, à
la fois, à lorigine de ressources significatives mais illégales,
pour des populations rurales très fragiles et, pour les pays vers lesquelles
elles sont exportées, des menaces à leur sécurité.
Limpact local des productions de drogues agricoles est moins connu,
du moins en France. Ce sujet, pourtant important du point de vue de la stabilité
de plusieurs Etats, voire de régions entières, comme en Amérique
latine. Il se situe au croisement des études de sécurité
et de développement et, de ce fait, nest que peu suivi.
Cest dans le but daborder le sujet dans sa globalité et
dans sa complexité, que le Centre détudes et de recherches
internationales (CERI)
et le Centre pour la paix et la sécurité humaine (CPSH)
de Sciences-Po ont
pu, grâce au soutien du Secrétariat général de
la défense nationale (SGDN),
organiser à Paris, le 6 octobre 2005, un séminaire sur le thème
« Production de drogue et stabilité des Etats ». Réunissant
autour dune même table des chercheurs, des praticiens et des acteurs,
cette rencontre avait pour objectif de dresser un panorama de la question,
à léchelle mondiale, tout en portant un regard analytique
sur les mesures promues par la communauté internationale, en matière
de lutte contre la drogue.
Le SGDN,
à lorigine de lidée de ce séminaire, est
un service du Premier ministre. Il se situe au point de convergence des dossiers
intéressant la sécurité intérieure et extérieure
de la France. Secrétariat interministériel, le SGDN
donne la priorité à la réflexion, à la préparation
de la décision et au suivi de celle-ci. Il coordonne et anime des équipes
constituées selon les questions à traiter, avec le concours
des ministères concernés. Le CERI,
dont lun des objectifs est de fournir une expertise sur les problèmes
internationaux, notamment dans le domaine des questions de sécurité,
a choisi de dorganiser et de conduire cet effort de réflexion
collective sur limpact des productions agricoles de drogues sur la stabilité
des Etats, avec le CPSH.
Ce nouveau centre de recherche thématique de Sciences
Po se fonde sur une pédagogie et une approche interdisciplinaire.
Il a pour but de produire articles et publications sur lélargissement
des doctrines et paradigmes de sécurité. Le laboratoire PRODIG
du Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
et lInstitut national des hautes études de la sécurité
(INHES)
ont également été associés à cette entreprise,
par lintermédiaire de deux de leurs chercheurs.
Nous sommes heureux de pouvoir aujourdhui présenter les fruits
de cette collaboration, la seconde depuis 2004 (1).
Christophe Jaffrelot (CERI), Eric Lebédel (SGDN), Sharbanou Tadjbakhsh (CPSH)
(1) Une première collaboration entre le SGDN et le CERI avait conduit, en juin 2004, à la tenue dun séminaire intitulé « les anciens combattants daujourdhui démobilisation, désarmement et réinsertion » et à la publication dun rapport sur le même sujet, disponible sur le site Internet du CERI (www.ceri-sciences-po.org).
1. Production de drogue et stabilité des Etats : quelle problématique ?
2. Lopium dans les transitions des économies de guerre aux économies de paix en Asie
3. Le cannabis en Afrique : économies rurales et stabilité des Etats
4. Coca et revendications politiques en Amérique du Sud
5. Quelles relations entre production de drogue et stabilité des Etats ?
6. Tableaux : évolution de la production agricole de drogues et des surfaces cultivées
7. Cartographie mondiale des aires de production des trois principales « plantes à drogues »
8. Bibliographie sélective
Ce
rapport fait suite à un séminaire organisé par le CERI,
Pierre-Arnaud Chouvy
(CNRS-Prodig),
Laurent Laniel (INHES)
et avec la collaboration du CPSH,
grâce au soutien du SGDN
(1).
Cette journée détude avait pour ambition de réunir
des chercheurs et spécialistes de disciplines et de nationalités
différentes afin de traiter de la question complexe des relations qui
existent entre production agricole de drogues et stabilité des Etats.
Les questions soulevées par cette problématique sont nombreuses.
Doit-on estimer que la production agricole de drogue est une conséquence
et/ ou une cause de linstabilité des Etats ? De telles productions
agricoles sont-elles systématiquement déstabilisatrices ou peuvent-elles
permettre, dans certains contextes, de maintenir un statu quo socio-économique
et donc politique, voire de faciliter des transitions entre une économie
de guerre et une économie de paix ? Enfin, dans quelle mesure la stabilité
ou linstabilité dun Etat peuvent-elles favoriser le recours
à la production agricole de drogues ?
Lobjectif de la journée détude était donc
de brosser un tableau aussi complet que possible de la situation mondiale
sans, bien sûr, prétendre à lexhaustivité.
Les interventions ont porté sur les principales trois plantes à
drogues, le pavot à opium, le cannabis et le cocaïer, et sur les
trois continents sur lesquels la culture de ces plantes a lieu et est, ou
a été, liée à des contextes de conflits armés
: lAsie, lAfrique et lAmérique du Sud.
Alain Labrousse, ancien directeur de lObservatoire géopolitique
des drogues (OGD), grand spécialiste de la géopolitique mondiale
des drogues et auteur de nombreux ouvrages et articles sur le sujet, a introduit
la journée détude en dressant un tableau mondial des zones
et des contextes de production des trois plantes à drogue.
Lopium dans les transitions des économies
de guerre aux économies de paix en Asie
La première session de la journée détude, consacrée
à lAsie et au rôle que lopium y joue dans les transitions
des économies de guerre aux économies de paix, a donné
la parole à Jeremy Milsom, doctorant australien (Melbourne
University), à David Mansfield, consultant indépendant de
nationalité britannique, et à Pierre-Arnaud Chouvy
(CNRS-PRODIG),
géographe français chargé de recherche au CNRS.
Jeremy Milsom, qui bénéfice dune longue expérience
de terrain dans la région du nord de lEtat shan de Birmanie tenue
par la United Wa State Army (UWSA), a détaillé et expliqué
le contexte politique et les modalités socio-économiques du
recours à la production dopium dans la région spéciale
n° 2 de lUWSA. Il a notamment insisté, dans le contexte actuel
dune suppression accélérée de la production dopium,
sur les difficiles conditions de survie de la paysannerie de lopium
de la région considérée et sur les menaces que de telles
conditions pourraient représenter pour la fragile stabilité
politique des autorités wa et de leur territoire.
David Mansfield, qui a réalisé de longs séjours et de
très nombreuses missions détude sur le sujet en Afghanistan,
a présenté la grande complexité de la question afghane
de lopium à travers la diversité des situations vécues
par les paysans de lopium de la province orientale du Nangarhar. Il
a tout particulièrement souligné la contre-productivité
et les effets pervers de la suppression rapide de la production dopium,
notamment en termes de croissance et de stabilité économique.
Pierre-Arnaud Chouvy,
qui compare depuis plus de dix ans les contextes de production dopium
de lAfghanistan et de la Birmanie, est revenu sur ces deux pays en insistant
sur le rôle que léconomie de lopium a joué
dans leurs économies de guerre respectives et sur celui quelle
joue désormais dans leurs transitions vers des économies de
paix. Il a noté que si la production dopium avait clairement
procédé de linstabilité des deux Etats concernés,
elle procédait désormais plus de leurs graves insécurités
alimentaires quelle ne menaçait leurs sécurités
en termes stratégiques.
Deux discutants, Christian Lechervy (Sciences-Po)
et Olivier Roy
(CNRS-CERI),
respectivement spécialistes des questions birmanes et afghanes, ont
élargi les questions soulevées par les intervenants en insistant
sur la complexité des contextes régionaux de lAsie du
Sud-Est continentale de lAsie centrale et de lAsie du Sud.
Le cannabis en Afrique : économies rurales et
stabilité des Etats
La deuxième session, consacrée à léconomie
du cannabis dans le continent africain, a réuni deux intervenants pour
traiter de la question pour le moins mal connu des contextes africains de
production de cannabis au regard de la stabilité de leurs Etats : Kenza
Afsahi, économiste doctorante de nationalité marocaine et Laurent
Laniel, sociologue français
chargé de recherche à lInhes.
Kenza Afsahi, qui mène depuis plusieurs années des recherches
doctorales portant sur léconomie paysanne du cannabis
dans les montagnes du Rif, dans le nord du Maroc, a expliqué le
contexte historique, culturel, politique et économique de la culture
du cannabis dans la région afin de mieux comprendre comment cette activité
économique qui sest très largement développée
au cours des deux dernières décennies a permis dy maintenir
un certain statu quo socio-économique et politique. Elle a dailleurs
mis en garde contre la « bombe à retardement » que la non-gestion
de cette situation a créée.
Laurent Laniel, qui travaille depuis une
quinzaine dannées sur les questions géopolitiques et stratégiques
relatives aux drogues, a traité de la difficile et très mal
connue question du recours à léconomie du cannabis en
Afrique subsaharienne où crises économiques et politiques ont
favorisé le développement des cultures de cannabis pour pallier
les échecs du développement économique et la fragilité
des stabilités politiques : le cannabis en Afrique subsaharienne, une
alternative au développement ? Peut-être, dit-il, dès
lors que lAfrique ne compte aucun programme de développement
alternatif
Jean-Marc Balencie, consultant spécialisé sur lAfrique
subsaharienne dans un cabinet privé et co-auteur des ouvrages Mondes
rebelles, a ouvert la discussion de cette session en rappelant la
place et le rôle que le cannabis a pu jouer dans certains conflits africains.
Coca et revendications politiques en Amérique
du Sud
Dans le cadre de la dernière session, trois intervenants ont analysé
les différentes mobilisations politiques auxquelles la défense
de la coca, cible de l'éradication dans le cadre d'une « guerre
à la drogue » d'inspiration américaine, a pu donner lieu
dans les trois pays andins qui en sont les principaux producteurs mondiaux
: Bolivie, Colombie et Pérou.
Dionicio Núñez, député du MAS,
premier parti d'opposition bolivien (2), a rappelé que, depuis la crise
économique des années 1980, la culture de la coca permet d'assurer
la survie de milliers de familles. La feuille de coca est, pour les populations
aymaras et quechuas majoritaires dans le pays, une plante sacrée aux
vertus multiples, dont la culture et les usages, contrôlés mais
légaux, sont à distinguer nettement de ceux d'une drogue illégale
telle que la cocaïne. Rejetant l'éradication
forcée de la coca comme une politique injuste ainsi qu'inefficace
pour lutter contre la cocaïne, le député aymara a appelé
de ses voeux la mise en oeuvre de mesures visant, au contraire, à industrialiser
les produits dérivés de la feuille de coca. Selon lui, de telles
mesures fourniraient aux cultivateurs un débouché légal
pour leur produit, que dès lors ils n'auraient plus à vendre
aux narcotrafiquants.
L'anthropologue colombienne María Clemencia Ramírez a souligné
les différences entre le cas bolivien et celui de la Colombie,
premier producteur mondial de coca et de cocaïne. Dans ce dernier
pays, en effet, les cultivateurs, pour la plupart très pauvres et vivant
dans des régions soumises au contrôle d'acteurs armés
non-étatiques (guérillas et paramilitaires), n'ont aucun attachement
culturel à la coca et ne la cultivent que parce qu'elle procure un
revenu plus élevé que les autres productions agricoles possibles.
Cette absence de lien culturel à la plante fait que les autorités
colombiennes se sentent légitimes à criminaliser la paysannerie
de la coca et à employer à son encontre les moyens extrêmes
prônés par Washington (aspersions
aériennes d'herbicide) interdits en Bolivie et au Pérou.
Pour sa part, Ricardo Soberón Garrido, juriste péruvien, a étudié
l'impact des politiques de lutte antidrogue menées dans les pays andins
à la lumière du cas péruvien. Sur un terreau de pauvreté
et d'absence de développement, la culture
de la coca y connaît depuis les années 1970 des cycles de
croissance au gré des fluctuations de la demande sur les marchés
de consommation. Ces cycles, qui se sont accompagnés d'une violence
toujours plus intense (due tant aux trafiquants qu'aux policiers et militaires),
ont fait du narcotrafic une composante centrale et durable de la réalité
sociale, économique et politique andine. Selon Soberón, cette
nouvelle situation permet aux États-Unis d'augmenter leur influence
sur les gouvernements régionaux, mais limite l'indépendance
des pays andins, affaiblit leurs institutions démocratiques et nuit
grandement aux droits de l'Homme.
Olivier Dabène,
chercheur au CERI, a ouvert
la discussion en rappelant que les politiques antidrogue appliquées
jusqu'ici en Amérique du Sud se sont avérées non seulement
inefficaces mais surtout contreproductives, en y suscitant un fort antagonisme
à l'encontre de leur principal promoteur : les États-Unis.
Conclusions
Le mot de la fin est revenu à Alfred McCoy,
historien de luniversité
de Wisconsin-Madison dont louvrage The Politics of Heroin in
Southeast Asia, publié en 1972, est devenu louvrage de référence
sur les instrumentalisations stratégiques du recours à léconomie
des drogues dans le contexte sud-est asiatique de la guerre froide. Après
avoir fait la synthèse des interventions et des débats de la
journée, Alfred McCoy
a fait part de ses analyses et de ses vues concernant les échecs répétés
de plus de trente ans dune « guerre contre la drogue » qui
sest souvent révélée contre-productive en termes
de surfaces mondiales cultivées en pavot, en coca, et vraisemblablement
en cannabis, mais qui a aussi eu des effets pervers, notamment en terme de
stabilité des Etats, de militarisation de questions avant tout économiques
ou sociales, de démocratie et de droits de lhomme (3).
NOTES
(1) Les auteurs tiennent tout particulièrement
à remercier Jasmine Zérinini (SGDN)
pour son soutien à ce projet et ses précieux commentaires sur
une version précédente du rapport.
(2) Le MAS est devenu
le parti de gouvernement suite aux élections générales
de janvier 2006.
(3) Ces arguments sont développés dans son article, «
The Stimulus of Prohibition » (2004 : 26) : « en dépit
de quatre « guerres contre la drogue », menées par les
Etats-Unis, pour un coût total de 150 milliards USD, la production illicite
mondiale dopium a été multipliée par cinq, passant
de 1 200 tonnes en 1971 à 6 100 tonnes en 1999. De même après
quinze ans déradication menée dans les pays andins par
les gouvernements à la demande américaine, la production de
feuilles de coca a été multipliée par deux, atteignant
6 000 tonnes en 1999. dans les trois décennies depuis le début
de la « guerre contre la drogue », le nombre de consommateurs
dhéroïne aux Etats-Unis a été multiplié
par plus de dix, passant de 68 000 à 980 000 ».
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Perceptions
of security shared by our states have widened to take into account less traditional
threats such as terrorism, arms proliferation, and trafficking in human beings
and illegal goods, including drugs. Agricultural drug production is the source
of significant but illegal resources for very fragile rural peoples, as well
as a threat to the security of those countries to which the drugs are exported.
The local impact of agricultural drug production is less well understood,
at least in France. Although important from the point of view of the security
of a number of states - even of whole regions, as in Latin America
the subject belongs partly to the field of security studies and partly to
that of development studies, and has therefore not been much examined in its
own right.
It was in order to address this complex issue from all angles that the Centre
dEtudes et de Recherches Internationales (CERI
Centre for international research and studies) and Sciences-Pos
Centre pour la Paix et la Sécurité Humaine (CPSH
Centre for peace and human security) organised a seminar on Drug
production and state stability, held in Paris on 6 October 2005, with
the financial support of the Secrétariat Général de la
Défense Nationale (SGDN
Office of the Secretary General for National Defence). Bringing together researchers,
field workers and major players, the goal of the event was to take a global
overview of the subject, along with an analytical look at the measures implemented
by the international community in order to fight against drugs.
The SGDN,
from which the idea for the seminar first came, is one of the Prime Ministers
departments, and is active where issues regarding the internal and external
security of France converge. An inter-ministerial office, the SGDN
prioritises reflection upon, preparation for, decision-making on, and follow-up
of such issues. It coordinates and oversees teams put together to address
specific questions, with the aid of ministries concerned. The CERI,
one of whose objectives is to make expert assessments of international problems,
in particular in the field of security, decided to organise this collective
exchange of ideas on the effect of agricultural drug production upon state
security in collaboration with the CPSH.
This new centre for thematic research, set up by Sciences-Po,
is based upon an interdisciplinary pedagogical approach. Its aim is to produce
articles and publications on the broadening of security doctrines and paradigms.
The PRODIG
laboratory of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS
National centre for scientific research) and the Institut National
des Hautes Etudes de Sécurité (INHES
National institute for advanced security studies) also associated themselves
with the event through participation of two of their researchers.
We are pleased to present the results of this collaborative effort, the second
since 2004 (1).
Christophe Jaffrelot (CERI), Eric Lebédel (SGDN), Sharbanou Tadjbakhsh (CPSH)
(1) An initial collaboration between the SGDN and the CERI led to a seminar being held in June 2004, entitled todays old soldiers demobilisation, disarmament and reintegration and to the publication of a report on the same subject, available on the CERI Internet site (www.ceri-sciences-po.org).
1. The problem of drug production and state stability
2. The transition from war economies to peace economies: the role of opium
3. Cannabis in Africa: rural economies and state stability
4. Coca and political demands in South America
5. Relationship between drug production and state stability
6. Tables: development of agricultural drug production and of surface areas under cultivation
7. World map of production areas for the three main drug plants
8. Selected bibliography
The
present report follows a seminar held in Paris, France, by the CERI,
Pierre-Arnaud Chouvy
(CNRS-PRODIG)
and Laurent Laniel (INHES),
with the collaboration of the CPSH,
thanks to the support of the SGDN
(1).
The study day brought together researchers and specialists in a variety
of disciplines and of a variety of nationalities with a view to addressing
the complex question of the relationship between agricultural drug production
and state security. Many questions are raised by the issue. Should agricultural
drug production be viewed as a consequence and/or a cause of state instability?
Is such agricultural production systematically destabilising or does it,
in some contexts, help maintain a socio-economic and therefore political
status quo, even easing transition from a war economy to a peace economy?
Finally, how far might a states stability or instability foster resorting
to agricultural drug production?
The aim of the seminar was therefore to paint as comprehensive a picture
as possible of the world situation without, of course, claiming to
be exhaustive. Speakers addressed the three main drug plants the
opium poppy, the cannabis plant and the coca tree and the three continents
where they are grown, and where their cultivation is or was connected to
situations of armed or social-political conflict: Asia, Africa and South
America.
Alain Labrousse, former director of the Observatoire Géopolitique
des Drogues (OGD Geopolitical Drug Watch), a top specialist in world
drug geopolitics and author of several books and papers on the subject,
introduced the study day by painting a global picture of the regions and
contexts in which the three drug plants are produced
Opium in transitions from war economies
to peace economies in Asia
The days first session, which was devoted to Asia and to the role of
opium in transitions from war economies to peace economies, was led by Jeremy
Milsom, an Australian doctoral student (Melbourne
University), David Mansfield, an independent consultant from Britain,
and Pierre-Arnaud Chouvy
(CNRS-PRODIG),
a French geographer and CNRS
research fellow.
Jeremy Milsom, who has had considerable field experience in the northern part
of the Shan state of Burma held by the United Wa State Army (UWSA), detailed
and analysed the political context and socio-economic factors explaining the
resort to opium production in the UWSAs special region n° 2. He
laid particularly strong emphasis on the difficult survival conditions for
the regions opium farmers in the present context of accelerated suppression
of opium production, and on how such conditions could jeopardise the precarious
political stability of the Wa authorities and their territory.
David Mansfield, who has paid lengthy visits to and made numerous studies
of the subject in Afghanistan, presented the Afghan opium problem in all its
complexity by addressing the diversity of situations experienced by opium
farmers in the eastern province of Nangarhar. He put special emphasis on the
counter-productivity and unintended effects of rapid suppression of opium
production, above all in terms of economic growth and political stability.
Pierre-Arnaud Chouvy,
who has been comparing the Afghan and Burmese opium production contexts over
the last ten years, stressed the role that the opium economy played in their
respective war economy contexts and the role it has played in their recent
transitions to peace economies. He observed that although opium production
clearly originated from the instability of the two states concerned, it later
became more the result of major food supply uncertainties, which did not threaten
security in strategic terms.
Two speakers, Christian Lechervy (Sciences-Po)
and Olivier Roy
(CNRS-CERI),
specialists in Burmese and Afghan questions, respectively, expanded upon questions
posed by the speakers by emphasising the complexity of continental South-East
Asian, Central Asian and South Asian regional contexts.
Cannabis in Africa: rural economies and
state stability
The second session was devoted to the African cannabis economies, and called
upon two speakers to address the much less researched relationship between
cannabis production and state stability in Africa: Kenza Afsahi, a Moroccan
Ph.D. student in economics, and Laurent Laniel,
a French sociologist and INHES
research fellow.
Kenza Afsahi, who for the past few years has been carrying out research for
her doctoral thesis on the cannabis
farming economy in the Rif Mountains of northern Morocco, explained the
economic, political, cultural and historical context of cannabis cultivation
in the region. She explained how this economic activity, which has grown considerably
over the last twenty years, has permitted the maintenance of a type of socio-economic
and political status quo. She also warned of the time bomb that
lack of management of the situation has created.
Laurent Laniel, who has
been working on drug-related geopolitical and strategic issues for the last
fifteen years, addressed the difficult and little-understood question of development
of cannabis cultivation in sub-Saharan Africa in the context of economic and
political crises. Is cannabis an alternative to development in sub-Saharan
Africa? Perhaps, he said, since no alternative development programme has been
implemented in Africa.
Jean-Marc Balencie, a private-sector consultant on sub-Saharan Africa, and
co-author of the Mondes rebelles volumes, opened this
sessions discussion by an overview of the role that cannabis has played
in a number of African conflicts.
Coca and political demands in South America
During the final session, three speakers analysed the various political movements
brought about by the defence of coca cultivation targeted for eradication
as part of an American-inspired war on drugs in the three
Andean countries that are the worlds main producers: Bolivia, Colombia
and Peru. Dionicio Núñez, a member of MAS,
the leading Bolivian opposition party (2), pointed out that, since the economic
crisis of the 1980s, coca cultivation has ensured the survival of thousands
of families. For the Aymara and Quechua, who make up the majority of the countrys
population, the coca leaf is a sacred plant with many virtues, whose cultivation
and use controlled but legal should be clearly distinguished
from those of an illegal drug such as cocaine. Rejecting forcible
eradication of coca as an unjust and ineffective policy in the war on
cocaine, the Aymara representative called for measures to industrialise production
of legal coca leaf derivative products. In his opinion, such measures would
afford farmers a legal outlet for their produce, which they would then no
longer have to sell to drug traffickers.
The Colombian anthropologist María Clemencia Ramírez emphasised
the differences between the Bolivian case and that of Colombia,
the worlds top producer of coca and cocaine. In the latter country,
farmers who are for the most part extremely poor and live in regions
controlled by armed groups (guerrillas and paramilitary forces) rather than
the state have no cultural attachment to coca, and only grow it because
it offers a larger income than other possible agricultural produce. This absence
of cultural ties to the plant has led to the Colombian authorities feeling
justified in criminalizing coca cultivation and resorting to the extreme measures
advocated by Washington (aerial
herbicide spraying), which are prohibited in Bolivia and Peru.
Ricardo Soberón Garrido, a Peruvian jurist, looked at the effects of
anti-drug policies implemented in Andean countries in the light of the Peruvian
case. In a context of poverty and lack of development, coca
cultivation has seen cycles of expansion since the 1970s, in line with
fluctuations in demand on consumer markets. These cycles, accompanied by ever
increasing violence (due to traffickers as much as to the police and the military),
have made drug trafficking a central and lasting component of Andean social,
economic and political reality. In Soberóns view, this recent
situation has allowed the United States to increase its influence on regional
governments, which limits Andean countries independence, weakening their
democratic institutions and disastrously undermining human rights.
Olivier Dabène,
a CERI research
fellow, opened the discussion by observing that anti-drug policies implemented
in South America have so far proved to be not only ineffective but, above
all, counterproductive, inciting major antagonism towards their leading promoter,
the United States.
Conclusions
The final word went to Alfred McCoy,
a historian at the University
of Wisconsin-Madison whose book, The Politics of Heroin in Southeast
Asia, first published in 1972, has become the reference work on the strategic
manipulation of the drug economies in South-East Asia during the Cold War.
After summarising the days discussions, Professor McCoy
presented his analyses and opinions of the repeated setbacks in almost thirty
years of a war on drugs which has not stopped an increase in terms
of world surface area where opium poppies, coca and probably cannabis are
grown, and which has also had unintended consequences, especially in terms
of state stability, militarisation of primarily economic and social issues,
democracy, and human rights (3).
NOTES
(1) The authors wish to extend special thanks to Jasmine Zérinini
(SGDN)
for her support of this project and her useful remarks on a draft version
of this report.
(2) The MAS has become
the ruling party following the general election of January 2006.
(3) These arguments are developed in his article, The Stimulus of Prohibition
(2004: 26): Despite four wars on drugs waged by the United
States for a total cost of US $150 billion, world illegal opium production
increased fivefold, from 1,200 tonnes in 1971 to 6,100 tonnes in 1999. Similarly,
after fifteen years of attempted eradication in the Andean countries, carried
out by their governments at American instigation, coca leaf production had
doubled, reaching 6,000 tonnes in 1999. In the three decades following the
start of the war on drugs, the number of heroin users in the United
States increased more than tenfold, from 68,000 to 980,000.
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