Mais qui donc dirige la police ?

Sociologie des commissaires

Frédéric Ocqueteau*

Armand Colin

Paris, 2006

ISBN : 2-200-26980-3

 


Quatrième de couverture :

Quel est donc ce fonctionnaire à part qui œuvre à la confluence des attentes sécuritaires de la société, des choix politiques et administratifs, des potentialités et des pesanteurs de la «machine», et des rappels constants du réel ?

C'est le commissaire de police, personnage aussi important que méconnu, du fait notamment de la mythologie (Maigret, Moulin et autres Navarro...) qui encombre les esprits à son propos...

Il est censé disposer des leviers adaptés pour faire régner, dans le meilleur équilibre possible des contraintes, la tranquilité sur le territoire qui lui est confié. On attend de lui qu'il donne corps aux grandes réformes engagées, la dernière en date étant celle de la «police de proximité» (1998-2002) désormais baptisée «police de sécurité».

Qu'en est-il réellement ? La réponse à cette question de bon sens conditionne toute évaluation sérieuse des politiques de sécurité. D'où l'intérêt considérable du présent ouvrage, qui propose la première sociographie du corps des commissaires.

Qui sont les agents de ce groupe professionnel et comment se représentent-ils leur rôle et leur légitimité ? Comment l'École, qui les a formés, et le Syndicat auquel ils appartiennent majoritairement défendent-ils leurs intérêts ? Qu'est-ce qui conditionne leurs stratégie de carrière ? De quelles compétences peuvent-ils se prévaloir ? Que faut-il penser de leur métamorphose voulue en «managers de services performants» ?

Une enquête serrée, des «verbatim» éclairants, une connaissance intime de l'histoire policière : ce livre s'adresse aux membres des corps de sécurité, aux professionnels concernés par l'organisation et l'action policières (préfets, magistrats, travailleurs sociaux), aux élus locaux, associatifs, ainsi qu'aux chercheurs et étudiants en droit, sociologie et science politique.


 

Tables des matières

Introduction

• Transformations de l'action policière et ressources en crise
• Conséquences pour les cadres de la police
• En quête d'une introuvable professionalisation
• Repartir de certains acquis sociologiques
• Approfondir la connaissance d'un groupe professionnel hétéro-déterminé, auto mythifié et corporatiste

 

Chapitre I. Se sentir conforté dans un rôle de chef

• Chefs de police entre eux : le choc des cultures professionnelles
• Défendre son «rang» dans la police et devant la société
• S'identifier
comme commissaire compétent dans son domaine devant les collègues
• Faire face au besoin
de rassurer le public
• Se confronter aux savoirs des intervenants du monde extérieur
• Un chef de police peut-il se penser comme un patron d'entreprise ?

 

Chapitre II. Romancer sa vie de flic

• Le témoignage policier : ancrages anciens et poids du genre
• Pour une approche sociologique
• Flics du renseignement : l'art de «dévoiler» des secrets policiers
• Police judiciaire : superflics sous les sunlights et héros fatigués
• Flics de sécurité publique : généraliste en quête de refondations

 

Chapitre III. Les travaux et les jours

• Données générales sur les cadres de la police nationale
• La journée du commissaire : répartir le travail et travailler sa représentation
• Le bon «chef de service»
• Prendre un nouveau service : imprimer sa marque ou ne pas faire de vagues ?
• Qu'est-ce que «manager» un service de sécurité publique ?

 

Chapitre IV. De l'intérêt de rester dans un statut spécial

• Avant le décret du 29 janvier 1968, l'ancien monde
• Les années 1968-1977 : une nouvelle génération
• Décret de 1974 : la timide apparition des femmes

• La réforme Racine de 1977 et ses avatars
• Octobre 1990 : le traumatisme de la «promo Joxe»

• 1995 : des commissaires transformés en «concepteurs et directeurs de police»
• Le décret d'août 2005 : mieux formés, plus mobiles, plus performants ?

 

Chapitre V. Devenir commissaire, gouverner sa carrière

• Comment et pourquoi devient-on commissaire de police ?
• Les facteurs de mobilité dans les carrières

 

Chapitre VI. Un syndicat engagé sur tous les fronts

• Axes d'analyse
• La «neutralité» face aux alternances politiques
• De multiples batailles
• Appartenir à la «haute fonction publique»
• PJ et RG, des rapports tendus avec la presse et la magistrature
• Garde à vue : contrôler le délinquant ou suspecter la police ?
• L'épineux dossier des rapports police/gendarmerie
• Un rapport difficile à la société civile

 

Chapitre VII. À l'épreuve d'une réforme de police autoritaire

• Un «échec programmé» ?
• Vues sur la position des concepteurs de la réforme : insuffler un nouvel état d'esprit
• Vues sur la position des «transmetteurs» de la réforme vers le bas
• Comprendre les contraintes des systèmes locaux d'action

 

Chapitre VIII. Retours d'expérience sur la police urbaine de proximité à Paris

• Réformateurs en «relations publiques» et enrôlés récalcitrants
• Chefs de secteur et reddition politique des comptes
• Les «rameurs» de la PUP dans les commissariats d'arrondissement
• Pour conclure sur un monde sans pitié

 

Chapitre IX. Retours d'expérience de la police de proximité en province

• L'affichage politique d'une réussite
• Quatre commissaires motivés, enthousiastes et vite déçus
• Le sens minimal du devoir
• la pol'pox n'est pas morte !

 

Chapitre X. Des chefs de police en managers de service ?

• Vues sur le nouveau management policier à la britannique
• Améliorer les performances générales de l'apppareil de sécurité français
• Des rois nus au pied du mur ?

Conclusion

• Le corps des commissaires, un colosse aux pieds d'argile

Annexes

• Sigles
• Autobiographies analysées au chapitre II
• Bibliographie générale

• Notices des commissaires et agents interrogés
• Méthode de calcul de la mobilité géographique des commissaires
• Liste des tableaux et figures


* Frédéric Ocqueteau, est sociologue et juriste, chercheur au CNRS (CERSA-Université Paris-II), spécialiste des questions policières et de la mise en œuvre des politiques de sécurité. Ancien directeur du département de la recherche à l'IHESI de 1998 à 2002, il est membre du conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance.

 

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